Traitement de la mycose buccale au bicarbonate de soude : une solution naturelle efficace ?

La mycose buccale, ou candidose orale, touche environ 20 % de la population mondiale au cours de sa vie. Causée principalement par le champignon *Candida albicans*, cette infection se manifeste par des plaques blanches sur la langue, les joues et le palais. Le bicarbonate de soude, reconnu pour ses propriétés antimicrobiennes, est parfois suggéré comme remède naturel. Mais son efficacité réelle et sa sécurité restent à préciser.

Comprendre la mycose buccale et ses facteurs de risque

La prolifération de *Candida albicans* est favorisée par divers facteurs, notamment : une immunodéficience (7% des personnes immunodéprimées développent une candidose), un traitement antibiotique prolongé (perturbation de la flore buccale), le diabète mal contrôlé (taux de glucose élevé), la sécheresse buccale (xérostomie), le port de prothèses dentaires mal ajustées et certains traitements médicaux (corticoïdes, chimiothérapie). Une hygiène bucco-dentaire défaillante exacerbe également le risque.

Les symptômes typiques incluent des lésions blanches crémeuses, souvent douloureuses, qui peuvent saigner légèrement lorsqu’on les gratte. Une sensation de brûlure ou de picotements peut également être présente. Dans les cas graves, la candidose peut s’étendre à l’œsophage, provoquant des difficultés à avaler.

Le bicarbonate de soude : propriétés et utilisations en hygiène buccale

Le bicarbonate de sodium est un composé alcalin largement utilisé pour ses propriétés antibactériennes et légèrement antifongiques. Son action se base principalement sur la modification du pH buccal, créant un environnement moins favorable à la croissance des bactéries et, dans une moindre mesure, des champignons. En plus de son utilisation dans les dentifrices, il est utilisé pour blanchir les dents et améliorer l'hygiène bucco-dentaire quotidienne. Cependant, son efficacité en tant que traitement principal contre la mycose buccale est débattue.

Mécanismes d'action potentiels du bicarbonate de soude contre *candida albicans*

Altération du ph

Le bicarbonate de soude, en augmentant l'alcalinité de la salive, perturbe le pH optimal pour la croissance de *Candida albicans*. Ce changement de pH peut inhiber la croissance fongique et limiter la formation de biofilms. Cependant, l'effet sur le pH buccal est temporaire et dépend de nombreux facteurs, dont la quantité de bicarbonate utilisée et la fréquence des applications.

Effet antimicrobien direct (limité)

Certaines études *in vitro* suggèrent un effet direct du bicarbonate de soude sur les cellules de *Candida albicans*, affectant potentiellement leur membrane cellulaire. Toutefois, ces résultats ne sont pas systématiquement reproductibles, et des études *in vivo* sur des humains sont nécessaires pour confirmer ces effets. L'action antifongique du bicarbonate est nettement moins puissante que celle des antifongiques spécifiques.

Il est essentiel de noter que le bicarbonate de soude n'est pas un antifongique puissant. Son action est principalement indirecte, via la modification du pH buccal.

Utilisation du bicarbonate de soude pour traiter une mycose buccale : protocole et précautions

Si vous envisagez d'utiliser du bicarbonate de soude pour traiter une mycose buccale légère, procédez avec prudence et en complément d'une bonne hygiène bucco-dentaire. Ne le considérez jamais comme un traitement principal, surtout en cas d'infection sévère ou persistante.

Méthodes d'application:

  • Rinçage buccal : Diluez 1 cuillère à café de bicarbonate de soude dans un verre d'eau (250ml). Rincez la bouche pendant 30 à 60 secondes, puis crachez. Répétez 2 à 3 fois par jour.
  • Pâte : Mélangez une petite quantité de bicarbonate de soude avec de l'eau pour obtenir une pâte. Appliquez délicatement sur les lésions avec un doigt propre ou une brosse à dents souple. Laissez agir quelques minutes avant de rincer.

Dosage et fréquence :

Il est recommandé de ne pas dépasser 3 applications par jour pour éviter les irritations des gencives et des muqueuses. Adaptez la fréquence en fonction de la tolérance et de l'évolution des symptômes. Si aucune amélioration n'est observée après 3 jours, consultez un professionnel de santé.

Précautions et contre-indications :

  • Évitez le contact avec des plaies ouvertes ou des ulcérations buccales importantes.
  • En cas d'irritation ou de sensibilité accrue, interrompez l'utilisation.
  • Ne convient pas aux enfants de moins de 6 ans sans avis médical.

Efficacité du bicarbonate de soude vs. traitements antifongiques conventionnels

Les traitements antifongiques classiques (ex: nystatine, miconazole) sont beaucoup plus efficaces que le bicarbonate de soude pour traiter les mycoses buccales. Ils agissent directement sur le champignon, inhibant sa croissance et sa multiplication. Le bicarbonate de soude peut jouer un rôle complémentaire en améliorant l'hygiène buccale, mais ne doit jamais se substituer à un traitement médical approprié. 5 à 10% des patients traités par antifongiques ont des effets secondaires (irritations, troubles digestifs), mais ceux-ci sont généralement mineurs.

Une étude a montré que 80% des patients traités avec un antifongique standard voient leurs symptômes disparaître en moins de 2 semaines. En revanche, l’utilisation du bicarbonate de soude seule n’a pas fait l’objet d’études cliniques confirmant son efficacité comme traitement principal de la mycose buccale.

Le traitement dépend de la sévérité de l'infection. Les cas légers peuvent parfois répondre à des mesures d'hygiène améliorées et à l'utilisation de remèdes naturels comme le bicarbonate de soude en complément, mais seulement après avis médical. Les cas modérés à sévères nécessitent un traitement antifongique prescrit par un médecin ou un dentiste.

Le temps de traitement varie selon la sévérité de l’infection et peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. Un suivi médical est recommandé pour s'assurer de l'efficacité du traitement et éviter les récidives.

Il existe environ 15 types différents de *Candida*, dont *Candida albicans* est le plus courant, mais tous ne répondent pas de la même manière aux traitements. Certaines souches sont résistantes à certains antifongiques. Un diagnostic précis est donc crucial.

Conclusion : une approche responsable de la mycose buccale

Le bicarbonate de soude peut contribuer à une bonne hygiène bucco-dentaire et peut, dans certains cas très légers, être utilisé comme complément à un traitement médical, mais jamais en remplacement. Pour toute infection buccale, même mineure, une consultation chez un professionnel de santé est essentielle pour un diagnostic précis et un traitement adapté. L’automédication peut retarder la guérison et aggraver l’infection. Une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et régulière reste la meilleure prévention contre les mycoses buccales.